jeudi 6 mars 2008

Strict Machine

J'ai découvert ce clip il y a quelques années sur MCM. Très envoutant...

Exposition au musée des beaux-arts de Rennes : "la mythologie de l'ouest dans l'art américain" (du 13 février au 18 mais 2008)



Je vous incite à aller voir cette belle exposition qui retrace cette période artistique pas très connue en Europe et qui s'est étendue grosso modo des années 1830 jusqu'au début du XXème.

Le grand ouest est un territoire qui a constitué un véritable réservoir à inspiration pour les artistes qui débarquèrent sur ce que l'on appelait alors le nouveau monde. Ces paysage grandioses et brutals furent transformés en légende avant la découverte de tout le territoire. Cet art hétéroclite va de la représentation de la vie quotidienne des amerindiens à la vie des pionniers. Il y a une fascination de la part de ces artistes dans le traitement des 2 civilisations, dans les guerres comme dans les rencontres.



L'evolution de cette peinture est perceptible:
- Dans les années 1830, on trouve la tradition des illustrateurs scientifiques qui accompagnent les expéditions, le regard posé est documentaire, scientifique.

- Puis vint la nouvelle génération romantique qui offre un regard engagé sur les habitants. Les années 1840 furent marquées par les portraits d'indiens d'une grande précision ethnographique



L'ouest incarne le paysage revé, c'est la promesse d'aventure fabuleuses et d'un destin sans limite pour l'américain. La période 1860-1870 est celle des grands paysages, des cascades, des geysers, de Yellowstoe ect...


La peinture de Thomas Mohan a une visée poétique, presque religieuse. Ces paysages attirent de nouveaux voyageurs et contribuent à insuffler un nouveau romantisme à la peinture américaine. Au fil des tabeaux, on ne peux pas s'empêcher de penser que ces américains projetaient des méditations évoquant le jardin d'eden, comme s'il y avait une nostalgie d'avant la civilisation, l'espoir d'un paradis perdu
Certaines sculptures de bronzes, remarquables de part leur qualité plastique, montrent une tentative de reproduction quasi exacte, certaines plus rares font songer à une représentation d'ephebe de l'antiquité.










-Frederic Remington (1861-1909) capture la gestuelle des divers protagonistes, cowboys, militaires, colons, indiens ect... Il incarne le voyageur solitaire et appartient à une génération d'artistes illustrateurs. L'anatomie animale est parfaitement maîtrisée.
-Des artistes comme Remington, Russel contribueront à l'apogée d'une imagerie heroique et pittoresque; Le XXème siècle sera celui d'une génération d'artistes dont l'ouest sera une puissante source d'inspiration; Ce sera alors le triomphe de l'illustration et de l'exploitation des mythes à des fins publicitaires. Est primé alors l'intensité dramatique et l'extravagance des couleurs. Ces illustrations préfigurent les affiches de western.

Cet art permet de faire des constats importants: le fait par exemple que des oeuvres furent en partie réutilisés par les entrepreneurs des chemins de fer à la promotion de leur technologie à la fin du XIXème siècle; Ainsi ces artistes, bien que sincères dans leurs démarches ont en partie servis des impératifs économiques de l'Amérique naissante. On retrouve cette ambiguité du rôle de l'artiste à travers toute l'histoire, comme par exemple avec Einsenstein, à la fois désireux de représenter sa vision émancipatrice de la révolution russe et servant, de fait, un régime totalitaire. L'artiste est-il une marionette ou un jouet de l'histoire??

Il est difficile de faire des généralités, on retrouve aussi des méditations lyriques et un attrait réel pour la "spiritualité indienne", il y a des hommages aux habitants et le regard porté sur le blanc est aussi sympathique que critique. Mais il est dommage que ces illustrations aient été un carburant pour alimenter ce mythe du cowboy civilisateur qui doit se protéger de l'indien sauvage et barbare dans une partie du Western américain. Cette idéologie véhiculé par l'image fut très commode pour occulter certaines réalités inavouables que ces artistes n'ont pas forcément saisies (conditions terribles des indiens dans les réserves, distribution volontaire de couvertures contaminées à des fins d'extermination, catastrophe écologique comme la destruction du Bison)


Mais cet art américain reste un très beau voyage tant dans l'imaginaire de ces artistes émerveillés par leur découverte que dans les paysages américains, paysages qui restent encore conservés aux états-unis comme le parc de yellowstone et bien d'autres.


Pour finir, je vous montre Chateaubriand présent dans la cour du musée de Rennes, toujours aussi blasé....