mardi 11 décembre 2007

Bosch et son enfer


Ne sachant pas trop quoi faire comme article, j’ai décidé de mettre un exercice d’écriture que l’on devait effectuer en cours. Ce travail consistait à raconter son premier émoi esthétique. Si j’avais vraiment parlé de mon tout premier émoi, j’aurais été obligé de raconter, à une époque où je marchais à peine, mes émerveillements devant des fourmis qui agonisaient dans mes crachas au fond de mon jardin......

J’ai profité de ce petit travail pour me frotter un peu à l’écriture, domaine qui tient pour moi de la haute voltige... Voici le texte:



« Bien que n’étant pas le premier souvenir d’émoi esthétique, «l’enfer» de Jérôme Bosch fut en tout cas l’oeuvre qui me sensibilisa le plus à la peinture et à sa mise en scène. Comment ne pas retenir cette image qui paraît tout droit sortir de notre imaginaire irriguant nos cauchemars d’enfants? Que dire lorsque l’on a 9 ans et que les mot vous manquent?? Stupeur, étonnement ou sidération, tels furent sans aucun doute les symptômes de cette découverte.

Cet enfer me fait songer à de plus lointains souvenirs d’enfants où alors que vous souleviez une pierre au milieu de votre jardin, vous découvriez alors tout un univers grouillant de vie que vous ne soupçonniez même pas. C’est, à mes yeux, ce qui convient le mieux pour décrire l’enfer avec des yeux d’enfants.

Mais au-delà des formules mondaines, on se sent étrangement proche et lointain de l’enfer lorsqu’on le découvre pour la première fois à 9 ans. En effet, vous reconnaissez des animaux qui vous sont familiers, divers objets dont des instruments de musique que vous affectionnez ou même des lueurs aperçues fugitivement peu avant l’aube. Mais c’est tout le contexte d’ensemble qui me mit dans une grande stupéfaction.

On intellectualise difficilement à 9 ans mais vous vous dites que vous vous trouvez devant quelque chose qui ne peut pas exister... Et qui pourtant est là! Et de ces agrégats de vies, de situations et d’êtres antropomorphiques naît un sentiment de beauté, un sentiment teinté de respect car l’enfer rentre en échos avec une dimension de vous-même, vibre avec des désirs, des aspirations... Vous êtes en révérence devant un paysage qui montre à la lumière du jour ce qui se voile en vous, mais également derrière les montagnes, sous la terre où dans le noir.

Mais l’enfer vous met mal à l’aise car il est recroquevillé sur lui-même. Les lueurs de l’horizon ne laissent même pas entrevoir une sortie et le chaos imprègne le paysage jusque dans les plus lointaines décombres. Donc, vous vous éloignez de l’enfer en vous disant que c’est peut-être lui qui vous a trouvé. Mais qu’à cela ne tienne, l’enfer m’a finalement trouvé pour m’ouvrir à la peinture et, par extension, au pouvoir expressif de l’art».

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