mercredi 12 décembre 2007

Chamanisme et modernité




Le chaman est d’abord un terme trouvant son origine dans la langue de l’ethnie Tougouse servant à résumer une foule de réalités. Etudié par les antropologues depuis le XIXème siècle, la perception du chamanisme a, depuis, fait son chemin, notamment avec les livres de Carlos Castaneda, auteur aussi fascinant que controversé et qui a tenu en halène de nombreux lecteurs de par le monde.

Le chamanisme renvoit à des traditions millénaires et on peut considérer un chaman comme un guérisseur soignant les malades et servant sa communauté. Il utilise pour cela une connaissance venant de ce qu’il qualifie comme étant le «monde des esprits». Cela se fait par l’acquisition de ce que l’on appelle en Parapsychologie un état modifié de conscience, état occasionné par la prise de drogues hallucinogènes, la méditation ou par des sonorités spécifiques présentes dans la musique de certains cérémonies ect... De cette «réalité invisible», ils en retirent une connaissance qu’ils utilisent à des fins de guérisons psychiques et physiques (les 2 étants souvent liés). Il est difficile d’aller au-delà de cette définition tant le chamanisme est d’une infinie diversité que ce soit en Sibérie, en Amazonie ou en Océanie.

Mais en partant de cette définition, on peut considérer que le chamanisme est présent dans nos cultures même si elle ne possède pas la même importance; Tout d'abord, il est tout à fait raisonnable de considérer que le druidisme antique est une forme historique de chamanisme. Mais pour ce qui est d'aujourd'hui, on peut trouver une équivalence dans nos guérisseurs-magnétiseurs présent dans les parties reculées de nos régions (il y en a d’ailleurs dans un lieu-dit du coin mais je n’en dirais pas plus :) )
Un exemple unique de rencontre entre le chamanisme et d'autres cultures se trouve dans le bouddhisme tibétain qui, historiquement, a incorporé dans ses pratiques des éléments provenant du chamanisme local (appelé bön). Cette impregation culturelle peut s'observer dans les pratique de transe des oracles tibétains, dans des pratiques de guérisons et jusque dans les costumes représentants les forces primitives de la nature, utilisés lors dans certains rituels.


Les chamans, dans leur médecine, ont une prise en compte «holistique» de l’homme, c’est à dire que l’individu est considéré comme un tout dont on ne peut pas séparer les parties, contrairement à notre culture occidentale où depuis Descartes, le réel est découpé en tranches afin d’en explorer chaque partie par le biais d'une méthodologie scientifique. Mais notre démarche, bien qu’elle donne des résultats très efficaces ne permet, en fin de compte, qu’une connaissance fragmentaire du réel et pour certains scientifiques et médecins, la découverte de ce monde chamanique peut constituer un véritable retour aux sources, ils en témoignent au travers de livres et des documentaires et d'articles. Ils furent tout à fait stupéfaits de découvrir un tel savoir portant sur une infinité de combinaisons de plantes à faire pour tel ou tel breuvage spécifique sur une infinité d’espèces de plantes provenant de l’Amazonie et les résultats sont étonnants. Ces chamans leur affirmaient détenir ce savoir de leurs voyages réguliers dans ce «monde des esprits»

Nous voyons également dans le merveilleux documentaire de Jan Kounen, «d’autres mondes», le témoignage d’un chercheur en chimie qui évoque une sorte «d’illumination scientifique» par le biais d’une prise de drogues hallucinogènes. Il a eu une vision nette d’une molécule qui sera à l’origine de son prix Nobel de chimie. Cet exemple ainsi que d'autres dans le film illustrent d'autres voies de connaissances. C’est ainsi que ces chercheurs considèrent le chamanisme comme une science naturelle découverte par l’homme partout dans le monde selon sa culture, ses pratiques et sa cosmogonie et ils accèdent à de précieuses informations donnant une autre perspective de la réalité.



Ce changement de perception du chamanisme peut prendre des tournants étonnants comme en Sibérie ou des chamans qui, initialement voués à l’extermination par l’URSS, sont maintenant intégrés dans des hôpitaux. Ce phénomène est également constaté aux USA ou des médecins travaillent de plus en plus en collaboration avec les chamans dans certains centres hospitaliers car ils ont des méthodes pour diagnostiquer certaines maladies. Des médecins, des psychiatres et botanistes ont jetés une nouvelle lumière depuis des décennies sur ces guérisseurs. Il est également important de noter que l’OMS (organisation mondiale de la santé) considère que certains rituels thérapeutiques chamaniques ont une efficacité équivalente à celle de la médecine traditionnelle.

Mais la vogue du néochamanisme occidental est à considérer avec prudence car on peut y trouver un contenu un peu fourre-tout et un peu en discordance avec le savoir rigoureux du «chamanisme traditionnel», savoir qui nécessite de longues années d’apprentissage.

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