jeudi 13 novembre 2008
The Visitor
Ce film sorti récemment au Chapeau Rouge (salle d'art et d'essai à Quimper) m'a beaucoup marqué. Le titre est déjà évocateur, le visiteur. Cela peut sonner comme une visite impromptu d'un inconnu qui vous dérange au moment ou ne voulez voir personne ou parceque vous êtes occupés à quelque chose. Mais dans ce cas ici, ce sera un visiteur qui illuminera la vie d'un homme irréversiblement.
The visitor raconte l'histoire de Walter, professeur d'économie dans une université du connecticut. Sa vie est passablement ennuyeuse, d'une grande monotonie. Sa femme, pianiste anglaise, est morte et son fils vit à Londres. Son absence de contact affectif se ressent tant dans les traits de son visage que dans son rapport aux autres: il est sec, misanthrope et répète mécaniquement le même cours d'économie depuis 20 ans tout en faisant croire à son entourage qu'il s'attelle à un livre important. Mais ce n'est qu'une vaine stratégie pour mieux fuir sa vie et celle des autres....
Une conférence l'oblige à se déplacer à New-York. il en profite pour s'installer dans son 2ème logement. En arrivant chez lui, il tombe soudainement sur un couple d'immigrés clandestins, Tarek et Zainab, qui ont investis les lieux sans savoir qu'il appartenait à quelqu'un, victimes d'une escroquerie immobilière. Le contact est plutôt hostile mais Walter se résigne à les loger le temps qu'ils puissent trouver un autre endroit ou vivre dans la mégapole. Zainab, quand à elle, reste en retrait par politesse. Elle tente de survivre en vendant des bijoux qu'elle fabrique elle-même dans les marchés environnants.
Tarek, lui, semble être tout le contraire de Walter: beau gosse, talentueux, il porte en lui toute l'assurance et l'insousciance de la jeunesse... Fils d'un intellectuel Syrien assassiné, il tente sa change comme joueur de Djembé à New-York. Walter se sent rapidement attiré par cet instrument qui produit des rythmes qu'il ne connaît pas et Tarek va lui apprendre les rudiments. Ce n'est que petit à petit qu'une complicité va naître entre les 2 hommes. Walter finit par jeter ses cours de piano qu'il détestait aux orties et se consacre corps et âme au Djembé.
Les 2 hommes partagent de plus en plus leur journée par le biais de cet instrument. Mais les choses vont vite mal tourner: Tarek se faire repérer par les flics dans le métro et se fait arrêter pour être emmené en centre de détention. C'est le drame pour tout le monde, tant pour Zainab que pour Walter qui sentait une amitié naître pour une fois dans sa vie. Celui-ci se démmène pour le faire sortir, depêche un avocat. Tarek n'en peut plus de ces conditions de détention. Cela dit, l'apprentissage de Djembé se fait toujours mais par téléphone interposé. Zainab, déseperée, tente de ne pas se faire remarquer dans la ville...
Le coup de théâtre vient de la mère de Tarek qui débarque à New-York sans que personne ne s'y attende pour retrouver son fils. Elle et Zainab, qui ne connaissaient pas, vont se découvrir par le biais de Walter qui décide de la loger. Bien qu'appartenant tous à des cultures complètement différentes, l'entente se fait bien entre les 3 protagonistes. Walter la découvre petit à petit. L'inquiètude qui les anime sur le devenir de Tarek font qu'ils s'écoutent l'un et l'autre, cela les rends vrais, authentiques. Bien qu'elle et lui se rapprochent alors qu'ils ne se connaissaient pas 24H auparavant, il n'y a aucune ambiguité quant à leurs relations: ce sont 2 êtres qui s'ouvrent l'un à l'autre, poussés par l'adversité; Dans l'ensemble, les dialogues sont brefs et sobres car l'essentiel se trouve ailleurs, dans la complicité des regards et des visages...
The visitor est d'une profonde justesse ce qui, en soi, est une prouesse pour un sujet aussi sensible et aussi prompt à être traité en caricature. Il aurait été tentant pour le réalisateur de faire un film mélodramatique sur la condition des immigrés ou bien une issue de type "tout est bien qui finit bien" qui serait tout aussi maladroit... Le film reste toujours centré sur les personnages et leur humanité mais la trame de fond reste présente: celle d'une politique publique néoconservatrice qui traite arbitrairement ses immigrés au non d'une croisade opportuniste contre le terrorisme, croisade aux intêrets mlitaro-industriel dont le 11 septembre aura finalement été un très beau prétexte.
Nous ne connaîtrons vraiment la trajectoire des protagonistes mais nous savons que chacun aura tiré quelque chose de l'autre. The Visitor traite des impacts des rencontres humaines. Mais leur importance reste aussi forte que leur evanescence, ballotées dans un monde chaotique et inhospitalier.
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