lundi 15 décembre 2008

Globalia


Dans le cadre de notre fanzine sur la science-fiction, j'ai décidé de faire une tentative de critique littéraire d'un roman qui m'a tenu à coeur et dont le titre est Globalia. Ce roman écrit par Jean-Christophe Ruffin et paru en 2004 se situe dans la grande lignée des romans d'anticipation qui ont irrigué toute la littétature du XXème siècle avec des noms devenus illustres tels que 1984 de Georges Orwell et Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley

D'après l'auteur, Jean-Christphe Ruffin, Globalia se veut une réactualisation de 1984 par rapport à la globalisation actuelle. Cette démarche a sa légitimité car, bien que Georges Orwell avait cerné des traits patents de la moderniré tels que le contrôle de l'information, la vidéosurveillance, 1984 nous donne aujourd'hui l'impression de dater un peu et de décrire un système plus proche de l'URSS que de notre époque contemporaine. Cette démarche est d'autant plus salutaire que Globalia est une véritable réussite, à tel point que l'on se demande en lisant si l'on à affaire à une société inventée ou bien à la nôtre pour bientôt.

Globalia a tous les atouts d'une utopie idéle: sans arme, végétarienne et très écologiste. Les globaliens vivent dans une sorte de bulle géante, constamment acclimaté par des technologiques qui donnent un beau temps permanent. Cette société semble ne pas avoit de frontière en ce sens que toutes les bulles présentes se ressemblent les unes aux autres. Les globaliens vivent tous apparemment dans la prospérité et contrairement à beaucoup de romans d'anticipation, la liberté d'expression y est totale; Les journalistes sont là pour faire leur travail, il y a tous les services de police et de santé nécéssaire à une société équilibré; Enfin, les moeurs y sont plutôt libre, l'hédonisme constituant une valeur prépondérante. Le mariage est devenue une valeur rare et les divorces se sont aussi librement qu'à Las Vegas. Il est même possible de faire du trekking dans les zones les plus arides pour se donner des sensations fortes pour ceux qui considéreraient Globalia comme trop asceptisé.


Seulement voilà, notre personnage principal, Baikal, ne se sent pas à son aise sans pour autant savoir pourquoi... Sa petite amie d'ailleurs ne le comprend pas car tout est possible à Globalia et qui voudrait d'une autre société comme celle-là. Mais Baikal a des ambitions qui touchent l'un des rares tabous de la société Globalienne: il veut étudier l'histoire! Car n'est-ce pas suspect que de vouloir étudier des société qui ne peuvent être que barbares par rapport à la sienne??? Les musées globaliens sont d'ailleurs là pour montrer à quel point nos sociétés furent minés par l'insécurité, le port d'armes sans discernement, la paupérisation ect... Il faut dire d'ailleurs que cette société n'est pas toujours rose: elle est gangrenné par toutes sortes d'attentats terroristes venant de l'extérieur minant le quotidien tranquille des habitants... Tout événement d'ailleurs est instantanément retranscrit sur les écrans plasma qui constitue une source importante d'information, les livres et les traces écrites ayant disparus par esprit de facilité.

L'un des autres points les plus sensibles de Globalia, c'est son rapport avec les jeunes: en effet, cette utopie se révèle n'être fait essentiellement pour des vieux mais qui aspirent à rester éternellement jeune. Puisque la liberté et la jouissance prévaut à Globalia, il y a peu de famille nombreuse et les personnes se ont une espérance de vie pouvant dépasser les 120 ans et toute la chirurgie esthétique la plus high-tech est à leur portée. Les jeunes vivent donc moins facilement que les personnes âgées et la jeunesse n'est pas considéré comme une valeure sûre dans l'imaginaire collectif...


Baikal se retrouve de l'autre côté du miroir et découvre la vérité avec un mélange de surprise et d'effroi. Ce que l'on appelle finalement des terroristes ne sont rien d'autre que des nomades refusant cette société si belle. Ce qu'il voit, ce n'est ni plus ni moins que les vestiges de l'ancienne société que Globalia rejette. Mais pire encore, Baikal découvre les vraies méthodes de sa citée et qui s'apparentent à la technique de la carotte et du baton: Globalia bombarde ces populations discidentes avec leur vaisseaux puis viennent quelques minutes plus tard les ravitailler en nourriture, une skyzophrénie rappelant étrangement l'attitude de l'armée américaine en Afghanistant, oscillant entre violation continue des droits de l'homme et ravitaillement. Globalia dévoile ainsi les rouages intimes de son fonctionnement: elle a besoin d'un ennemi pour exister.

Jean-Christophe Ruffin raconte l'histoire d'une société futuriste qui pourrait bien être la nôtre. Mais la dimension provocatrice du roman réside peut-être dans ce qui le singularise de la plupart des romans d'anticipation. En effet, ceux-ci dressent souvent un portrait de la société ou sont poussés jusqu'à leur extrême des valeurs classées plutôt à droite: la puissance de bras armée, la vidéosurveillance, l'emprise du pouvoir sur les mass-médias. Alors que la puissance de Globalia réside dans le fait de placer la population dans une sorte de contentement béat en ayant poussé jusqu'à son extrême un certain nombre valeurs classées plutôt à gauche: écologie, liberté individuelle, liberté dans la famille ect... En somme, Globalia serait une sorte de paradis oligarchique dirigé par et pour les bobos!

Toutes les dimensions d'un bon roman sont bien dosés: une histoire haletante, un cadre pertinemment bien défini, des personnages intéressants et une belle histoire d'amour au milieu de tout ça. Le roman permet d'ouvrir, à mes yeux, d'ouvrir un des pistes de réflexion sur des sujets très différents tels que l'apport contradictoire de mai 68, qui a décloisonné un certain nombre des rigidités mais qui a en partie été également une génération qui a dévoré ses propres enfants, sur l'impérieux besoin des sociétés post-modernes à se doper économiquement par un abondant arsennal militaro-industriel à vendre sur la planète, et enfin sur le développement effrenné des "gated community" (guettos pour riches) à travers les capitales du monde (Villa Montmorency, Manhattan Village, la Zona de Mexico ect...) depuis le XIXème siècle et plus particulièrement depuis les années 70...

Pour finir, Globalia sonne étrangement avec les réflexions de Miclael Gamma, anthropologue et auteur de "rencontres au sommet" qui a enquêté pendant plusieurs années sur le fonctionnement interne d'institutions jugées opaques tels que le groupe Builderberg ou la trilatérale (qui font les choux gras des théories conspirationistes sur Internet...). Ses investigations lui ont finalement montré que l'essence de ces institutions de pouvoir est l'intégration de la dissidence comme mode de domination: les élites qui se fréquentent à Builderberg et à la Trilatérale seraient ravis d'inviter José Bové à leur réunion car les modes de domination du monde contemporain ne peuvent perdurer que par l"assimilation de ce qui lui est étranger. Et c'est cette assimilation qui permet l'une des formes les plus subtiles de contrôle: la fabrique du consentement.

mardi 18 novembre 2008

Sketch des robins des bois: l'expo d'art

Je ne sais pas si vous connaissez les robins des bois, c'etait une troupe de théâtre absolument géniale qui s'est fait découverte sur Comédie, une chaîne du câble fondé par Dominique Farugia, un ancien des nuls. Ils ont ensuite poursuivis leur aventure sur canal +; Je les ai moins suivi mais l'ensemble était moins drôle, il y avait comme une impression de redite... Mais j'ai été un gros fan de leur période "comédie" et la fin de leur troupe m'a attristé...

Voici un sketch de Marcel et Dédé qui débarquent à l'improviste dans une expo d'art, ça décoiffe (il y a un gros décalage de son par contre...):

jeudi 13 novembre 2008

The Visitor



Ce film sorti récemment au Chapeau Rouge (salle d'art et d'essai à Quimper) m'a beaucoup marqué. Le titre est déjà évocateur, le visiteur. Cela peut sonner comme une visite impromptu d'un inconnu qui vous dérange au moment ou ne voulez voir personne ou parceque vous êtes occupés à quelque chose. Mais dans ce cas ici, ce sera un visiteur qui illuminera la vie d'un homme irréversiblement.



The visitor raconte l'histoire de Walter, professeur d'économie dans une université du connecticut. Sa vie est passablement ennuyeuse, d'une grande monotonie. Sa femme, pianiste anglaise, est morte et son fils vit à Londres. Son absence de contact affectif se ressent tant dans les traits de son visage que dans son rapport aux autres: il est sec, misanthrope et répète mécaniquement le même cours d'économie depuis 20 ans tout en faisant croire à son entourage qu'il s'attelle à un livre important. Mais ce n'est qu'une vaine stratégie pour mieux fuir sa vie et celle des autres....

Une conférence l'oblige à se déplacer à New-York. il en profite pour s'installer dans son 2ème logement. En arrivant chez lui, il tombe soudainement sur un couple d'immigrés clandestins, Tarek et Zainab, qui ont investis les lieux sans savoir qu'il appartenait à quelqu'un, victimes d'une escroquerie immobilière. Le contact est plutôt hostile mais Walter se résigne à les loger le temps qu'ils puissent trouver un autre endroit ou vivre dans la mégapole. Zainab, quand à elle, reste en retrait par politesse. Elle tente de survivre en vendant des bijoux qu'elle fabrique elle-même dans les marchés environnants.



Tarek, lui, semble être tout le contraire de Walter: beau gosse, talentueux, il porte en lui toute l'assurance et l'insousciance de la jeunesse... Fils d'un intellectuel Syrien assassiné, il tente sa change comme joueur de Djembé à New-York. Walter se sent rapidement attiré par cet instrument qui produit des rythmes qu'il ne connaît pas et Tarek va lui apprendre les rudiments. Ce n'est que petit à petit qu'une complicité va naître entre les 2 hommes. Walter finit par jeter ses cours de piano qu'il détestait aux orties et se consacre corps et âme au Djembé.

Les 2 hommes partagent de plus en plus leur journée par le biais de cet instrument. Mais les choses vont vite mal tourner: Tarek se faire repérer par les flics dans le métro et se fait arrêter pour être emmené en centre de détention. C'est le drame pour tout le monde, tant pour Zainab que pour Walter qui sentait une amitié naître pour une fois dans sa vie. Celui-ci se démmène pour le faire sortir, depêche un avocat. Tarek n'en peut plus de ces conditions de détention. Cela dit, l'apprentissage de Djembé se fait toujours mais par téléphone interposé. Zainab, déseperée, tente de ne pas se faire remarquer dans la ville...












Le coup de théâtre vient de la mère de Tarek qui débarque à New-York sans que personne ne s'y attende pour retrouver son fils. Elle et Zainab, qui ne connaissaient pas, vont se découvrir par le biais de Walter qui décide de la loger. Bien qu'appartenant tous à des cultures complètement différentes, l'entente se fait bien entre les 3 protagonistes. Walter la découvre petit à petit. L'inquiètude qui les anime sur le devenir de Tarek font qu'ils s'écoutent l'un et l'autre, cela les rends vrais, authentiques. Bien qu'elle et lui se rapprochent alors qu'ils ne se connaissaient pas 24H auparavant, il n'y a aucune ambiguité quant à leurs relations: ce sont 2 êtres qui s'ouvrent l'un à l'autre, poussés par l'adversité; Dans l'ensemble, les dialogues sont brefs et sobres car l'essentiel se trouve ailleurs, dans la complicité des regards et des visages...


The visitor est d'une profonde justesse ce qui, en soi, est une prouesse pour un sujet aussi sensible et aussi prompt à être traité en caricature. Il aurait été tentant pour le réalisateur de faire un film mélodramatique sur la condition des immigrés ou bien une issue de type "tout est bien qui finit bien" qui serait tout aussi maladroit... Le film reste toujours centré sur les personnages et leur humanité mais la trame de fond reste présente: celle d'une politique publique néoconservatrice qui traite arbitrairement ses immigrés au non d'une croisade opportuniste contre le terrorisme, croisade aux intêrets mlitaro-industriel dont le 11 septembre aura finalement été un très beau prétexte.

Nous ne connaîtrons vraiment la trajectoire des protagonistes mais nous savons que chacun aura tiré quelque chose de l'autre. The Visitor traite des impacts des rencontres humaines. Mais leur importance reste aussi forte que leur evanescence, ballotées dans un monde chaotique et inhospitalier.

mercredi 12 novembre 2008

Presto (Pixar)

J'en profite pour poster le dernier court-métrage de Pixar sorti en même temps que Wall-E, Presto, vraiment super:

vendredi 7 novembre 2008

Autre exemple d'utopie: la secte du Mandarom



A côté des utopies synchrétistes ouvertes comme Auroville, il existe d'autres utopies d'inspiration religieuse mais dont le contenu sectaire, paranoiaque, laisse franchement à désirer...C'est le cas de la fameuse "cité sainte" du Mandarom, construite dans le sud de la France près du lac de Castellane par la secte des Aumistes

L'aumisme est une secte synchrétiste new-age qui professe que toutes les religions convergent vers un seul et point, une seule unitée, révélé au monde par le seigneur Ansa Manara, le "messie cosmoplanétaire de synthèse" (si si, j'vous le jure :)). Concrètement, ce monsieur qui s'est autoproclamé messie s'appelle Gilbert Bourdin. Cet ancien touche à tout finit par devenir professeur de Yoga dans les années 60. C'est dans la même décennie qu'il créa son mouvement et s'installa dans le sud de la France avec une poignée d'adeptes. Cela se concrétisera par la constrution d'un palais puis d'une cité idéale, conçue à l'image de l'aumisme:

Voici Gilbert Bourdain, le gourou du Mandarom, surnommé par ses adeptes "le messie cosmoplanétaire de synthèse"...

Du point architectural, la cité est.... fortement hétéroclite: statues géantes pourtant des pistolets en plastique et représentant Bouddha, Jésus avec Bouclier. La vierge marie est même muni d'un canon à laser ect... Les couleurs d'ensemble sont bariolées et le résultat sonne effroyablement kitch, une sorte de compromis entre un disneyland et un village de schtroumfs... Mais toutes ces armes en plastoc ne sont pas là pour faire joli, le "messie cosmoplanétaire" Gilbert Bourdain doit assurer la protection permanente de la cité, assaillie par une orde d'entités négatives, les atlantes, les lémuriens des enfers de Mars et j'en passe... Le Mandarom cultive une paranoia permanente du monde extérieur ce qui, sans doute, permet de fédérer la communauté...


Avant la mort du messie, la cité comprenait une soixantaine de membres vivant selon une vie monastique comprenant des processions, des chants, des prières, des ateliers artisanaux pour l'autosuffisance ect... Sociologiquement, les individus qui composaient cette mini-société sont variées, ils appartiennent àn peu près tous à la classe moyenne. Ce sont des individus qui furent en recherche, qui ne sont pas plus idiots que vous et moi, mais qui ont gravement manqué de dicernement et se sont laissés embarqués dans une folle histoire.

Une randonnée au Mandarom. Pour ceux que ça intéresse, la cité est ouverte à tous les touristes pour pour une somme maudique; La secte se doit de faire bonne figure et au final, elle draine environ 7000 visiteurs par an. La position de la région reste très ambivalante: même les habitants se plaignent, le Mandarom fut une manne touristique, une véritable aubaine pour les commerces de proximité, les hôtels ect... Beaucoup en ont donc profité, jusquà la municipalité.

Regardez et ecoutez le discours du gourou Gilbert Bourdain. C'est édifiant, il faut le voir pour le croire....:




Puis survint l'invraisemblable affaire du permis de construire. C'est en 1990 qu'une statue gigantesque à la gloire du "messie cosmoplanétaire" fut édifié dans la cité. Cette initiative fit l'objet de vives protestation de la part des habitants de la région. On lui reprochait notamment de défigurer le paysage et les "fadas d'en haut", comme les appelle les habitants des environs, stipulent qu'un permis de construire existe pour l'édification de cette statue, ce que nie catégoeiquement la municipalité. La secte ira jusqu'à faire appel à la cours européenne des droits de l'homme pour légitimer ses droits mais le maire aura tranché, la statue est détruite en 2000...

Peu à peu, le voile se déchire et le Mandarom finit par montrer sa véritable nature, notamment au travers de ses ex-adeptes qui témoignent des sévices tant physiques que psychologiques qui furent exercés contre eux. Des femmes comme des mineurs finirent par témoigner d'actes de viols ou d'atouchement commis par le gourou tout-puissant. De plus, Gilbert Bourdain possédait une sorte de garde personnelle qui assurait l'ordre et corrigeait les récalcitrants s'il le fallait.

Les affaires s'accumulent et l'écho finit par retentir auprès de la justice. Gilbert Bourdain finira par être poursuivie au tribunal pour abus sexuel mais le sort en a décidé autrement: il meurt l'année même de sa condamnation en 1998. Depuis, on ne sait plu trop ce que devient cette cité du Mandarom qui semble attendre la prochaine réincarnation de leur gourou. Et la communauté tente de résoudre ses déboires financiers, elle ne contiendrai plus qu'une dizaine de personnes...


Il est intéressait de remettre en perspective cette utopie sectaire dans le contexte de son époque. Elle est né en 1969, soit 1 an après Auroville. Ces 2 utopies se trouvent dans la confluences de la contre-culture des années 60 qui se traduit par une foule d'initiatives: recherche de nouveaux modes de vie, de voyage tant intérieurs par le lds qu'extérieurs par des voyages en Inde, naissance du mouvement new age au états-unis et recherche d'une sorte d'humanisme universelle se traduisant par divers sinchrétismes.

jeudi 9 octobre 2008

Séraphine



Dans la vie, que ce soit dans la fiction ou la réalité, il arrive que l'on croise des vies qui nous bouleversent. De même qu'il y a des biographies beaucoup plus romanesques que les plus époustouflants des romans, il est des vies d'artistes qui nous inspirent presque autant que leurs oeuvres; C'est le cas de Séraphine Louis de Senlis, simple femme de ménage et peintre dans sa vie intime, qui connaîtra une fin malheureuse...



Le film commence avant la première guerre mondiale et plusieurs éléments nous montre déjà les prémices de ce conflit comme l'hostilité des gens que croise Séraphine à l'égard des "Bochs". Celle-ci, simple bergère, s'installe dans une chambre à Senlis et devient femme de ménage pour Wilhelm Uhde, critique et collectionneur d'art Allemand influent (il découvrit le Douanier Rousseau, Braque, Delaunay). Il fut également le premier acheteur de Picasso.


Ce n'est que par heureux hasard qu'il découvra une petite peinture de Séraphine et ce sera le coup de foudre total. Celle-ci peignait secrètement dans sa chambre de bonne, faisant toutes sortes de "mélanges secrets" pour les couleurs de sa palette. Des tas de moments magiques nous font rentrer dans l'intimité de cette artiste, sa relation à la nature est presque panthéiste, elle parle aux animaux, aux fleurs, étreint les arbres. Elle ne peut s'atteller à la peinture qu'à ses rares moments de liberté tout en entonnant les chants de la messe matinale en latin.


Séraphine, en pleine inspiration devant l'un de ses tableaux.

Selon elle, vers 1900, son ange gardien lui serait apparu un jour qu'elle priait dans la cathédrale de Senlis pour lui ordonner de peindre; Ce message est bientôt relayé par la Vierge marie elle-même, dans des cirsonstances similaires; Voilà, disait-elle, pourquoi elle peignait...


Très vite, les choses s'enclenchent: les oeuvres des Séraphine sont achetées et suscitent l'admiration. Wilhelm fait tout pour qu'elle n'abandonne pas la peinture et qu'elle persévère. Finalement, c'est la guerre et cette déchirure entre français et allemands qui les séparera. Mais c'est encore le hasard providentiel qui les fera se revoir en 1927

La peinture de Séraphine contient presque toujours les mêmes sujets.Ce sont des d'arbres ou d'immenses bouquets qui se déploient sur toute la toile. Mais ceux-ci sont vibrants, ils s'en émanent une vitalité qui témoignent de la vie intérieure de Séraphine et de sa communion intime avec la nature. Ses peintures sont de véritables prières...


Une exposition se prépare à Paris et Séraphine finit par avoir les moyens financiers suffisants pour ne faire que de la peinture. Malheureusement, cette histoire, comme beaucoup d'autres, se termine en tragédie. La crise de 29 fait son irruption, le marché de l'art s'effondre et il n'y a plus d'acheteurs qui permettent à Séraphine de survivre. Son rêve se fissure brutalement.

Wilhelm lui annonce qu'elle ne pourra pas réaliser à Paris l'exposition qu'elle souhaitait tant et s'en est trop pour elle. Elle semble vasciller brutalement pour finalement se perdre dans son monde intérieur. Séraphine perd pied, on le voit dans le film par des actes dont personne ne comprend la cohérence et elle sera internée à l'asile psychatrique. Plus jamais elle ne peindra...

L'oeuvre de Séraphine est visible au musée Maillol à Paris

A la sortie du film, j'étais perplexe de n'avoir jamais entendu parler d'elle auparavant, indigné que ce genre de parcours ne soit connue que d'un petit nombre de chroniqueurs à France culture. Ce n'est pas ce genre d'itinéraires, pourtant si admirable, que l'on met en évidence dans l'histoire de l'art. En plus, Séraphine est catégorisée parmi les "peintres naifs", terme fort péjoratif et qui témoigne de la condescendance de l'époque à l'égard des gens complètement autodidactes.

Mais que dire si ce n'est que ce film est une ode à la création, à l'inspiration et à la liberté qu'elle procure, libre de toute tendance, au-delà des modes, du temps et des cultures. Il montre aussi comment une belle aventure peut naître de la simple connivence entre des êtres provenant de classes complètements différentes mais vibrant à l'unisson pour l'art. Et comme le disait Wilhelm lui-même: "Vous êtes douée. Indéniablement douée. Mais il va falloir travailler beaucoup. Ne vous souciez plus jamais de ce que disent les autres, ils n'y connaissent rien".

Wanderlust

Voici le dernier clip de Bjork, "Wanderlust", toujours aussi envoutant. Bjork est la seule artiste que je connaisse qui se renouvelle de façon étonnante sans tomber dans le recyclage...

mardi 7 octobre 2008

Auroville, réussite ou faillite d'une utopie?...


Pour cette rentrée 2008-2009, de nouvelles thématiques ont vu le jour, notamment, celle de "l'utopie et de la réalité". C'est dans le cadre de ce sujet qu'il m'a paru intéressant de faire un article sur une utopie, ou une tentative d'utopie, qui m'a beaucoup intéressée ces derniers temps. Cette "utopie en cours" gagnerait à être mieux connue, d'autant plus qu'elle fut en partie réalisée par des français de la période mai 68. Elle se situe en Inde, près de Pondichery et a pour nom: Auroville.

Finalement, ça peut paraître prétencieux de discerter sur une communauté dans laquelle on n'a jamais vécu. Mais je vais tenter du mieux que je peux à partir de la documentation que j'ai trouvée.


Auroville est donc une cité fondée en 1968 à partir des enseignements d'un homme du nom de Sri Aurobindo. Ce dernier fut considéré à son époque comme un sage en même temps qu'un réformateur politique. ll milita activement pour l'indépendance de l'Inde. Cette citée-communauté est censé être la concrétisation de l'unité humain, une cité ou coexisterait le spirituel et le matériel, une citée universelle, antichambre de la société future ou l'homme pourrait enfin cohabiter harmonieusement avec lui-même... Le caractère universaliste d'Auroville s'est affirmé dès sa naissance en déposant dans l'urne, au centre de la future cité, la terre de plus de 124 nations, symbole de réconciliation, d'espoir et d'unité.



A droite: Sri Aurobindo. Il fut une figure majeure du nationalisme indien dans les années 50-60. Ce n'est qu'après son désabusement de la politique et ses incarcérations successives qu'il se consacra entièrement au yoga. Il a mené une vie d'ascète pendant 25 ans pour se consacrer à son "Yoga intégral", sorte de rénnovation universaliste du yoga et qui reconsidère le lien entre l'homme et le divin

A gauche: Mira Alfassa, française et compagne de Sri Aurobindo, plus connue sous le nom de "la Mère". Elle fut la véritable initiatrice de ce projet. Elle fut également, suite à la mort de son compagnon, à l'origine de l'Ashram de Sri aurobindo d'ou serait parti Auroville et d'ou l'on recevait les enseignements du maître « Il doit exister sur terre un endroit inaliénable, un endroit qui n’appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du Monde ». Ainsi se montre dès le début le caractère hybride et multiculturel d'Auroville.





Voici une maquette d'Auroville telle qu'elle devrait être. Comme vous pouvez le constater, la forme globale évoque une galaxie qui converge vers le centre de la citée, surplombé par le Matrimandir. Chaque branche de la galaxie représente un secteur spécifique d'Auroville, des activités industrielles, artisanales ou des zones d'habitats. on peut constater avec Google Earth que cette architecture n'a pas abouti. De plus, la croissance d'Auroville est plutôt ralentie. Elle qui prévoyait d'héberger 50 000 habitants, en héberge aujourd'hui 2000...



Le Matrimandir est le centre névralgique d'Auroville. contrairement à beaucoup de temples hindous, celui d'Auroville est ouvert aux touristes. C'est l'endroit ou les Aurovilliens viennent se resourcer librement...

Il existe également tout un programme d'éducation pour les habitants aurovilliens. Les enfants deviennent ainsi polyglotte dès le plus jeune âge. Elle se veut une "éducation intégrale" qui développe toutes les dimensions de l'être. Aujourd'hui, l'enseignement s'est orienté d'une manière plus pragmatique, de sorte que ces petits Aurovilliens puissent également s'intégrer à l'extérieur.


Aujourd'hui, Auroville constitue une citée de plusieurs dizaines de nations; Tel un laboratoire d'expérimentation, elle tente de trouver des innovations et développe des projets dans divers domaines tels les énergies renouvelables, le tout dans une logique de développement durable; Tout semble possible: activité artistique, bénévolat pour la construction de nouvelles infrastructures, méditation ect...


(A Aurovile, un arbre géant dont les lianes se sont enracinées et ont elles-même formé des troncs)

Mais tentons maintenant de scruter auroville au-delà de sa vitrine d'exposition:

J'ai une copine dans mon entourage qui est allé régulièrement en Inde et qui a fait un bref détour par Auroville. Elle n'y est resté que brièvement mais finalement, elle n'en retient pas grand chose. De mes souvenirs, Auroville lui paraissait être une sorte de concentrés de bobos 68tards. De plus, parce qu'elle est une utopie, elle diffère de la vie quotidienne des indiens et c'est sans doute pour ça qu'elle semble ne pas être pris au sérieux par ces derniers, embourbés dans la dureté de la vie. Auroville semble comme en déphasage, mise sous une cloche...

De plus, la mère de mon meilleur amis a quelques membres de sa famille qui ont eu des liens dans le passé, non pas avec Auroville mais avec l'ashram de "la mère"; Elle a donc une certaine idée de ce qui a pu se passer, notamment du conflit qui s'est tramé entre l'ashram et l'auroville naissante. L'ashram souhaitait avoir un rôle dans l'orientation de l'auroville future mais l'endroit s'est finalement autonomisé.

La plupart des blogs que j'ai visité ont donné une vision d'Auroville mitigée... Des bruits courent que des enfants élevés à l'aurovillienne depuis la naissance se droguent. De plus, les indiens qui vivant dans la région n'apprécient pas l'endroit car ils semblent être utilisés par les aurovilliens comme la sous-traitants, autrement dit, pour effectuer les tâches ingrates. Ainsi s'opérerait subrepticement une sorte de nouvelle hiérarchie entre des occidentaux pratiquant le coucouning et les indigènes qui triment...

Côté spirituel, Auroville semble une sorte de zone new-age assez fatra ou chacun fait un peu ce qu'il a envie; Le matrimandir est là pour que chacun, s'il le souhaite se ressource dans un espace silencieux; Des cours de yoga, de Tai-chi, des pratiques artistiques ainsi que des massages sont proposés mais l'ensemble fait finalement assez "club med". Et pour survivre, la citée doit vendre beaucoup de camelotes de toutes sortes ce qui ternit le côté "spirituel" de la chose.


Au pire, Auroville se révèle aux premiers abords être une sorte de village-vacance surrané, un no man's land pour occidentaux en mal d'exotisme. Cela ne fait finalement de mal à personne mais peut-on dire que c'est une utopie si on retrouve les mêmes dérives qu'ailleurs. D'autres parlent d'une véritable omerta sur certaines pratiques qui existent à auroville, notamment du point de vue immobilier.



On se retrouve donc face à un dillème:
- Si l'on veut construire une utopie sur des fondations solides comme le phalanstère, il semble nécéssaire de pouvoir se retrancher de la réalité extérieure pour mieux préserver les fruits du projet que l'on veut mener à terme. Cela pourra apparaître, aux yeux de certains, comme une forme de repli sectaire mais bâtir une utopie amène inévitablement à un déracinement de la société ambiante vers quelque chose de nouveau.

- Si l'utopie est en système ouvert, elle se retrouve alors avec des générations de nouveaux individus qui arrivent et qui se retrouvent en déphasage, parfois même en concurrence avec les premiers pionniers. Et c'est, je crois, ce qui s'est passé à Auroville. Il paraît en effet difficile de maintenir une utopie selon une ligne directrice, surtout si ce sont toutes les nations de la planète qui y participe. Et l'utopie de départ peut littéralement s'enliser suivant les désirs capricieux de chacun...

Dans le domaine utopique, il semble exister une sorte de tension entre 2 tendances: celle de vouloir changer l'homme et celle de changer son environnement. Les utopies totalitaires sont facilement tentés par le fait de refasçonner l'homme jusque dans ses fondations pour que l'individu, le parti, l'état et la vie dans son ensemble fusionnent dans une sorte de tout cohérent. D'autres démarches comme celle du Corbusier consiste à vouloir changer la vie humaine par de nouveaux rapports sociaux induits par une architecture moins individualiste et plus communautaire. Auroville semble être une sorte d'hybridation totale entre les 2 démarches à tel point que l'on ne sait plus trop ou l'on en est...


La conclusion peut sembler sévère mais il me semble que l'on a un devoir de réalisme face à des utopies aux objectifs aussi démesurés et prétencieux. Auroville, bien que cautionné et parrainé par de prestigieux organismes internationaux comme l'UNESCO, semble être fortement dépendant des capitaux européens et nord-américains; Les problèmes de financement et le manque main d'oeuvre semble expliquer l'avancée ralentie de certaines constructions ainsi que le phénomène de "sous-traitance" perçu par les indiens de Pondichery.

De plus, on trouve une foisonnante architecture allant du rudimentaire au plus baroque et qui, quelque part, témoignage du manque d'unité d'Auroville. Les riches qui s'installent et fabriquent leur fantasme urbanistique est en contradiction flagrante avec l'idéal de vie simple et harmonieuse aurovillienne. Bien qu'il n'y a pas de monnaie, il faut de fait, avoir les moyens de s'installer et cela passe par une sorte de permis probatoire ou l'on doit faire ses preuves pendant 2 ans pour la communauté



Il faut cependant reconnaître une incroyable prouesse aux pionniers aurovilliens: celle d'avoir transformé une zone désertique et aride en une immense zonne boisée par la plantation de plus de 2 millions d'arbre... Il suffit de trouver des images ça et là ou même aller sur google oearth pour constater la transformation qui s'est opéré, donnant à l'environnement aurovillien une allure de paradis tropical abritant toutes sortes d'espèces.

Auroville pose la question de la réelle pertinence d'une utopie soumise aux contingences du réel tel qu'il est. Après plus de 40 ans d'existence, il est raisonnable d'en tirer un bilan et de se demander ce que l'on peut tirer d'utopies de ce genre. Le projet originel semble de plus en plus lointain et les habitants s'activent, comme dans une fuite en avant, sans savoir ce que cela donnera...

Mais finalement, combien d'utopies faudra-t-il à l'humanité pour se rendre compte que nombre de solutions ne se trouve peut-être pas à l'extérieur de nous-même. Si la réalité est à l'image de la caverne de Platon, un voile d'illusions, les utopies ne seraient-elle pas des illusions supplémentaire, dont l'evanescence risquerait de rendre l'humain encore plus désabusé qu'il ne l'est déjà? Ne faudrait-il pas fondamentalement, comme le dit Matthieu Ricard, commencer d'abord par se transformer soi-même, là ou on est, pour pouvoir transformer le monde ???

vendredi 30 mai 2008

animation flash

Voici ma première animation réalisé sur Flash Player CS3, un logiciel que je commence tout juste à utiliser. Bon, ce n'est évidemment pas un boulot de professionnel mais c'est mieux que rien....:

mardi 27 mai 2008

l'Elephant Art


Je savais qu'il existait des animaux qui aimaient peindre comme les bonobos, les éléphants ou les chats mais ma grande surprise vient du fait qu'il existe des structures pour les apprendre à peindre; Cela s'appelle "the Asian Elephant art and conservation project"; Elle fut crée en 1998 par 2 artistes conceptuels russes Vitaly Komar et Alex Melamid, aujourd'hui installés aux USA. Pour assurer le financement de leur structure, le duo eut l'idée de peindre des éléphants comme cela se pratique depuis longtemps dans de nombreux zoos anglo-saxons. Cela fait maintenant plusieurs dizaines années que ces éléphants apprennent la peinture mais aussi la musique et le foot.

Les 2 protagonistes décidèrent de créer dans les années 60 le Sot Art, réponse russe au pop art, mélange étonnant de réalisme socialiste et de dadaisme. Avec l'interdiction de la déforestation en Thailande, les éléphants ne pouvaient plus être relâchés dans la nature; Depuis, une dizaine de sites se sont crées dans plusieurs pays: Thailande, Indonésie, Inde, Cambodge ect....

Si vous voulez en savoir, vous pouvez regardez toutes sortes de vidéo sur youtube à ce sujet (si vous avez la patience de regarder les 9 minutes!)




D'autre part, il y a toujours officiel de la structure qui s'occupe de ces projets:
http://www.elephantart.com/

Ces éléhants posent finalement la question de savoir s'il est possible, dorénavant, d'intégrer d'autres espèces que l'espèce humaine dans l'histoire de l'art :)

Manifeste "l'art, c'est la vie"

Depuis la rentrée 2007 circule une pétition sur Internet signé par des artistes de tout bord et dont voici le contenu; Ne connaissant pas encore le monde de l'art, je préfère pour le moment dans les débats périlleux qu'implique une tel manifeste; Il me paraît cependant essentiel de se tenir au courant:

Appel

De quoi a besoin la création pour exprimer sa vitalité, loin des carcans officiels et idéologiques ?
Nous sommes tous des engagés volontaires pleins d’énergie. L’art est notre vie. Mais, en France, l’action du ministère public qui cherchait à favoriser la vitalité créatrice des arts plastiques en désorganise désormais de plus en plus profondément le cadre naturel par ses excès :

- la normalisation et le monopole d’un certain art officiel,
- les manipulateurs masqués qui, au sein des institutions et notamment au Musée national d’art moderne, imposent une pensée unique, soumise au marché et à la mode, obsédée par l’art tendance, les accrochages big bang, et l’art spectacle,
- la centralisation abusive du pouvoir entre les mains d’un petit groupe de censeurs qui, au sein de la délégation aux Arts plastiques et du Musée national d’art moderne, dévoient l’action de ceux qui pensent et veulent agir autrement,
- la censure et le mépris que ces agents doubles du marché international imposent à la création en France au mépris de leur fonction,
- le détournement des FRAC, victimes des mêmes influences,
- l’isolement et l’exclusion dont sont victimes des fonctionnaires indépendants d’esprit et non conformes aux diktats officiels.
- les choix incohérents, inconstants, et mondains de Cultures France (ex-AFAA).
Pour exprimer sa réelle vitalité, la création en France a besoin d’être libérée de cet encadrement officiel. Sa diffusion par le ministère public doit découler naturellement de son histoire et témoigner de sa véritable diversité. Nous demandons :
- l’équité et le pluralisme des générations et des courants dans les présentations officielles de la création contemporaine en France.
- la répartition équitable des lieux d’exposition temporaires, galeries contemporaines du Centre Pompidou, galeries nationales du Grand Palais, espaces du Palais de Tokyo, et galerie du Jeu de Paume, entre les différentes générations et courants d’artistes vivant et travaillant en France.
- la création de conseils d’orientation pour garantir à la fois la pertinence, la transparence, le pluralisme et l’équité des orientations et des choix du Musée national d’Art moderne, de la délégation aux Arts plastiques, et de Cultures France.
- une participation significative des artistes à ces conseils.
- le soutien des initiatives privées par des mesures d’encouragement efficaces.
- l’enseignement artistique à l’école enfin pris en compte dans les évaluations et doté des moyens nécessaires,
- un lieu vaste et ambitieux pour montrer en permanence et sans complexes, à Paris comme à Londres, à Madrid, et à New York, toute la vitalité, la diversité, et l’originalité de l’art en France.


(1) Premiers signataires : Pat Andréa, Dominique Angel, Anne Anthony, André-Pierre Arnal, Bruno Badoux, Marielle Baldelli, Vincent Barré, Claude-Henri Bartoli, Nancy Barwell, Louis Bec, Gonzalo Belmonte, Vincent Bioulés, Jean-Claude Bohin, Jacques Bosser, François Bouillon, Mark Brusse, Myriam Bucquoit, Pierre Buraglio, Alex Burke, Florence Callot, Christian de Cambiaire, Louis Cane, Béatrice Casadesus, Hervé Castanet, Frank Chalendard, Jean-Paul Chambas, Claude Chaussard, Miguel Chevalier, Alain Clément, Claire Colin-Collin, Gérard Collin-Thiebault, Bernard Crespin, Henri Cueco, Marinette Cueco, Caroline Culand, Antoine de Bary, Anne Deguelle, Joël Desbouiges, Patrick Des Gachons, Daniel Dezeuze, Hervé Di Rosa, Cécile Doubre, Joël Ducorroy, Erro, Marie-Héléne Fabra, Pascal Fancony, Serge Fauchier, Hervé Fischer, Fabienne Gaston-Dreyfus, Paul-Armand Gette, Danielle Gibrat, Anne Gorouben, Daniel Humair, Christian Jaccard, Robert Janitz, Jean-Luc Jehan, Jacqueline de Jong, Peter Klasen, Joël Kermarrec, Alain Lambilliote, Jean Le Gac, Nathalie Leroy-Fiévée, Elizabeth Mercier, Jean-Michel Meurice, Bertrand Meyer-Himhoff, Michel Mourlot, Bernard Pagès, Jean-Luc Parant, Anne-Marie Pêcheur, Ernest Pignon-Ernest, Augustin Pineau, Pierre Pinoncelli, Anne et Patrick Poirier, Edouard Prulhière, André Raffray, Bernard Rancillac, Yves Reynier, Marcel Robelin, Guy de Rougemont, Marie Sallantin, Michel Sicard, Pascal Simonet, Pierre Skira, Vladimir Skoda, Tony Soulié, Peter Stampfli, Soizic Stokvis, Klaus Stoeber, Julien Terdiman, Jean-Paul Thibeau, Thierry Thoubert, Pierre Tual, Gérard Titus-Carmel, Vladimir Velickovic, Claude Viallat, Vuk Vidor, Jean-Louis Vila, Jan Voss, Michèle Waquant, Pierre Marie Ziegler.

jeudi 6 mars 2008

Strict Machine

J'ai découvert ce clip il y a quelques années sur MCM. Très envoutant...

Exposition au musée des beaux-arts de Rennes : "la mythologie de l'ouest dans l'art américain" (du 13 février au 18 mais 2008)



Je vous incite à aller voir cette belle exposition qui retrace cette période artistique pas très connue en Europe et qui s'est étendue grosso modo des années 1830 jusqu'au début du XXème.

Le grand ouest est un territoire qui a constitué un véritable réservoir à inspiration pour les artistes qui débarquèrent sur ce que l'on appelait alors le nouveau monde. Ces paysage grandioses et brutals furent transformés en légende avant la découverte de tout le territoire. Cet art hétéroclite va de la représentation de la vie quotidienne des amerindiens à la vie des pionniers. Il y a une fascination de la part de ces artistes dans le traitement des 2 civilisations, dans les guerres comme dans les rencontres.



L'evolution de cette peinture est perceptible:
- Dans les années 1830, on trouve la tradition des illustrateurs scientifiques qui accompagnent les expéditions, le regard posé est documentaire, scientifique.

- Puis vint la nouvelle génération romantique qui offre un regard engagé sur les habitants. Les années 1840 furent marquées par les portraits d'indiens d'une grande précision ethnographique



L'ouest incarne le paysage revé, c'est la promesse d'aventure fabuleuses et d'un destin sans limite pour l'américain. La période 1860-1870 est celle des grands paysages, des cascades, des geysers, de Yellowstoe ect...


La peinture de Thomas Mohan a une visée poétique, presque religieuse. Ces paysages attirent de nouveaux voyageurs et contribuent à insuffler un nouveau romantisme à la peinture américaine. Au fil des tabeaux, on ne peux pas s'empêcher de penser que ces américains projetaient des méditations évoquant le jardin d'eden, comme s'il y avait une nostalgie d'avant la civilisation, l'espoir d'un paradis perdu
Certaines sculptures de bronzes, remarquables de part leur qualité plastique, montrent une tentative de reproduction quasi exacte, certaines plus rares font songer à une représentation d'ephebe de l'antiquité.










-Frederic Remington (1861-1909) capture la gestuelle des divers protagonistes, cowboys, militaires, colons, indiens ect... Il incarne le voyageur solitaire et appartient à une génération d'artistes illustrateurs. L'anatomie animale est parfaitement maîtrisée.
-Des artistes comme Remington, Russel contribueront à l'apogée d'une imagerie heroique et pittoresque; Le XXème siècle sera celui d'une génération d'artistes dont l'ouest sera une puissante source d'inspiration; Ce sera alors le triomphe de l'illustration et de l'exploitation des mythes à des fins publicitaires. Est primé alors l'intensité dramatique et l'extravagance des couleurs. Ces illustrations préfigurent les affiches de western.

Cet art permet de faire des constats importants: le fait par exemple que des oeuvres furent en partie réutilisés par les entrepreneurs des chemins de fer à la promotion de leur technologie à la fin du XIXème siècle; Ainsi ces artistes, bien que sincères dans leurs démarches ont en partie servis des impératifs économiques de l'Amérique naissante. On retrouve cette ambiguité du rôle de l'artiste à travers toute l'histoire, comme par exemple avec Einsenstein, à la fois désireux de représenter sa vision émancipatrice de la révolution russe et servant, de fait, un régime totalitaire. L'artiste est-il une marionette ou un jouet de l'histoire??

Il est difficile de faire des généralités, on retrouve aussi des méditations lyriques et un attrait réel pour la "spiritualité indienne", il y a des hommages aux habitants et le regard porté sur le blanc est aussi sympathique que critique. Mais il est dommage que ces illustrations aient été un carburant pour alimenter ce mythe du cowboy civilisateur qui doit se protéger de l'indien sauvage et barbare dans une partie du Western américain. Cette idéologie véhiculé par l'image fut très commode pour occulter certaines réalités inavouables que ces artistes n'ont pas forcément saisies (conditions terribles des indiens dans les réserves, distribution volontaire de couvertures contaminées à des fins d'extermination, catastrophe écologique comme la destruction du Bison)


Mais cet art américain reste un très beau voyage tant dans l'imaginaire de ces artistes émerveillés par leur découverte que dans les paysages américains, paysages qui restent encore conservés aux états-unis comme le parc de yellowstone et bien d'autres.


Pour finir, je vous montre Chateaubriand présent dans la cour du musée de Rennes, toujours aussi blasé....

mercredi 23 janvier 2008

Les expériences de mort imminente

C'est un phénomène controversé et mystérieux que je vais évoquer aujourd'hui, une expérience de nature personnelle mais dont la portée est universelle. Connue dans toutes les cultures depuis l'aube de l'humanité, elle prend sa place depuis plusieurs décennies dans tout l'occident, principalement dans les centres hospitaliers: il s'agit des expériences de mort imminente, plus connues sous de nom de NDE (near death experience en Anglais) ou EFM (expériences aux frontières de la mort)


Mais en quoi cela consiste???
Ce sont des expériences radicales et particulières pouvant être vécues par une personne suite à un état de mort clinique à l'hôpital. Comme ce sont aujourd'hui les lieux où s'effectuent les réanimations cardiaques, où la frontière entre la vie et la mort est la plus étroite, c'est dans là où les témoignages de NDE sont les plus nombreux. Ainsi, ces "revenants de la mort" rapportent des récits détaillées d'expériences incroyables et bouleversantes se déroulant souvent suivant un même shéma. A force de rapporter et de compiler tous les récits détaillés de ces expériences provenant des 5 continents, il est possible désormais établir le shéma détaillé en plusieurs étapes d'un récit d'une NDE classique:


1) Au moment de la mort clinique, la personne a la sensation de sortir de son corps, souvent par le sommet du crâne. Elle voit son cadavre comme si elle flottait au plafond et parfois, elle ne se reconnaît pas tout de suite. Elle se trouve dans un état de tranquilité malgré la surprise de se voir ainsi sur le lit d'hôpital où les médecins s'acharnent à la réanimer. Il arrive également que la personne voie une sorte de cordon qui la relie au sommet du crâne de son cadavre, à la fontanelle plus précisément. Je précise ce détail car ce cordon qui relie au corps existe déjà dans le témoignage de "revenants de la mort" dans le bouddhisme Vajrayana ainsi que chez des mystiques catholiques comme Sainte Thérèse d'Avila.

2) La personne a la sensation d'exister pleinement, elle flotte et se regarde sur le lit comme si elle n'avait été que le locataire temporaire d'un corps. Elle se découvre des facultés étonnantes qui sont très souvent les mêmes dans les témoignages: elle a une sorte de vision panormamique à 360 degrés qui, lorsqu'elle revient, lui est très difficile de décrire, ses sens sont décuplés, elle peut cerner beaucoup de petits bruits, elle peut "zoomer" et dézoomer sur des détails infimes des objets qui l'entourent; Mais les facultés les plus étonnantes sont autres: la personne entend les pensées des médecins comme s'ils parlaient fortement à haute voix. Nous verrons plus tard dans l'article que tous ces détails seront déterminants pour savoir si la NDE est réelle ou pas.

En général, la personne dit ne pas trop s'attarder dans le bloc opératoire et se balade dans tout l'hôpital, elle traverse les murs et les plafonds comme s'ils n'existent pas et peut voir toutes les scènes de vie banales dans un hôpital. Dans beaucoup de témoignages, elle fut stupéfaite aussi de découvrir qu'il suffisait de penser à un endroit pour qu'elle y soit instantanément comme s'il n'y avait plus vraiment d'espace. Certains expliquent qu'ils se sont trouvés à plusieurs kilomètres dans leurs maisons alors que les membres de leur famille s'y trouvait.


3) Arrive à un moment ou à un autre, et c'est l'aspect le plus connu des NDE, l'ouverture d'un long tunnel ou d'un couloir dans laquelle la personne s'engouffre. Ce tunnel fut abondamment écrit, il est sombre, souvant flottant comme si elle était faite de vagues et la personne monte dans ce tunnel de plus en plus vite; Parfois, des sons d'une très grande beauté y sont décrits lorsque le tunnel est touché et provoque presque des ravissements. La personne a souvent l'impression d'être emmené quelque part et elle peut avoir des moments d'angoisse car le tunnel est assez obscure.

4) L'étape suivante et sans conteste celle qui a le plus d'importance pour la vie de la personne. Après le tunnel, elle finit par déboucher dans une sorte de lumière; Souvent vue comme un point lumineux dans le tunnel, la personne est comme propulsé à grande vitesse vers cette lumière. Le témoin qui revient de cette expérience a beaucoup de difficulté à décrire cette lumière et est très émue lorsqu'elle en parle. Elle est décrite comme une lumière plus éblouissante que le soleil et qui pourtant n'aveugle pas (c'est un détail constant), la personne la regarde directement en face et se sent terriblement attité par elle et ne désire plus qu'une chose, c'est de se fondre en elle. Nous verrons d'ailleurs toute à l'heure les effets qu'ont cette lumière dans la transformation des individus à long terme. La personne se décrit alors comme dans un état de bonheur, de plénitude indescriptible ou toute les souffrances liées au passée s'évaporent comme neige au soleil, elle ne souhaite alors plus du tout revenir.


(L'architecte Suisse Stefan Von Jankovich est déclaré cliniquement mort à la suite d'un accident. Après sa réanimation, il se rappelle d'une multitude de détails d'une expérience de mort imminente très impressionnante qu'il a fixés sur de nombreuses aquarelles.)



5) Arrive alors un moment où la personne se voit dans une sorte de lieux ou elle est entouré d'une ou de plusieurs personnes. En général, elle les reconnaît comme des membres de la famille décédé qui était comme pour l'attendre. Les experiencers décrivent d'ailleurs de véritables dialogues qui ne sont pas liés à de quelconques souvenirs de l'inconscient. Les communications décrites ne sont jamais des conversations orales mais une sorte de contact télépathique automatique. Pour ce qui est des lieux, l'experiencer décrit très souvent des jardins extraordinaires d'une très grande beauté et nimbé de lumières, parfois, il s'agit de lieux complètement lumineux où il lui est impossible d'en dire vraiment plus mais il en ressort une impression de sérénité et de calme. les mêmes lieux sont décrits par les chamanes de tous bords faisant des "voyages" hors du corps dans "le monde des esprits" selon leur terminologie.

6) Arrive au même moment l'arrivée d'une sorte "d'être de lumière" face à laquelle l'experiencer est ému tant elle est impressionnante et se produit alors un phénomène caractéristique de ces expériences: une vision panoramique de sa vie. La personne voit ainsi défiler devant lui tous les évenements de sa vie de sa mort jusqu'à sa naissance comme s'il s'agissait véritablement d'un film en 3 dimensions qu'elle regarde avec cet être. Il arrive que la personne revoit des évenements passés dont elle n'avait absolument plus aucun souvenir, parfois, elle revoit seulement des moments clés et pas toute la vie entière. Ce qui apparaît nettement dans leur témoignage, c'est une absence totale de jugement venant de cet être, l'experiencer a seulement vu ce qu'elle a été réelement sans contrefaçon ne possibilité de fuite.

7) Enfin, arrive un moment ou l'être de lumière lui fait comprendre qu'elle ne peut pas rester ici, il y a souvent une sorte délimitation qu'ils ne peuvent pas franchir. Parfois, la personne rétorque mais elle est finalement comme repoussée dans le tunnel. Elle refait tout un trajet dans le tunnel à grande vitesse pour revenir au blos opératoire; La phase de rentrée dans le corps est unaninement décrite comme pénible et douloureuse, les récits parlent d'une sensation de rentrer dans une combinaison étroite voire, dans une cage.

L'effet global peut souvent être qualifié de renaissance. J'ai trouvé récemment un aperçu visuel très intéressant de cette expérience encore si peu connue:


A partir de ce récit-type, une question se pose tout de suite d'un point de vue scientifique: comment a-t-il été possible de se souvenir d'un ensemble d'expériences aussi riches avec des souvenirs détaillées et utilisant les 5 sens alors que l'électro-encéphalogramme de l'individu est complètement plat. Le cerveau ne peut absolument plus rien enregistrer à ce moment précis, il y a un arrêt complet de toute fonction cognitive qu'elle qu'elle soit. Cela est d'autant plus étonants que des récits de NDE furent relatés par des patients aveugles de naissance! Nous essayerons de voir cela en détail mais en attendant, petit rappel historique


C'est dans les milieux des années 70 que les NDE furent véritablement connues du grand public avec la publication du livre de Raymond Moody, psychiatre américain ayant exercé essentiellement un travail de compilation de témoignages. Son livre a connue tant aux USA qu'à l'étranger un succès fantastique, il fut vraiment le premier livre de vulgarisation dans ce domaine. D'ailleurs à l'époque, Raymond Moody fut injustement fustigé par quelques uns de ses collègues alors que celui-ci n'a fait qu'une compilation modeste et minutieuse des témoignages qu'il a pu recceuillir à partir d'enquêtes faîtes dans les hôpitaux sans ajouter quelque chose qui soit de l'ordre de la conviction ou de la croyance. Ce n'était qu'un préliminaire des études qui allaient venir après.

D'autre part, des études statistiques furent menées un peu partout dans le monde, beaucoup dans des pays où la technologie médicale est suffisament avancée, d'autres pays par contre ne permettent pas encore de stastiques rigoureuses à l'échelon national. Aujourd'hui, au niveau international, on estime que le nombre d'experiencers (nom donné à ceux ayant vécu une NDE) s'élève à plus de 60 millions d'individus! On en compte à peu près 25 millions aux USA et 1 millions 800 000 en France... Mais comme les études stastiques ne sont pas encore complètes, des médecins comme Jean-Jacques Charbonnier estiment qu'il y en a en fait beaucoup plus.



Cela dit, les expériences de mort imminente ont suscités toutes sortes de passion, de polémiques et toutes sortes de théories furent faites tant du point de vue des sceptiques que des autres; Parmi ces théories, retenons:

1) La Skyzophrénie: les experiencers ne seraient que des skyzophrènes vivant des hallucinations. Or, d'après les spécialistes qui les ont étudié de près, le contenu des NDE ne peut être réduit à un phénomène hallucinatoire car la caractéristique fondamentale de l'hallucination, c'est d'être profondément individualisé, elle correspond à la psyhé et aux névroses de la personne et ne peut pas s'incrire dans un shéma global et unitaire. Par ailleurs, jamais un skyzophrène ne supporterait le fait que son témoignage puisse se mettre dans un moule. Or, nous avons justement vu que, à l'échelle mondiale, les caractéristiques si particulières des NDE sont qu'elles s'incrivent dans un shéma unitaire indépendamment du sexe, de l'intellect, de la religion, de la culture, des croyances ou des niveaux de vie. Cela montre bien qu'il y a là un phénomène objectif qui perdure indépendamment de facteurs sociologiques, métaphysiques ou psychologiques, culturels et historiques, il y a un phénomène pouvant devenir un objet de science, un objet d'études antropologiques, sociologique ou historique et c'est précisément ce qui se fait. Dans ses ouvrages, Melvin Morse précise d'ailleurs que les NDE sont désormais intégrées dans les manuels de médecine dans les universités de Washington comme un phénomène réel.

2) La mythomanie: les experiencers ne seraient purement et simplement que des mythomanes désirant attirer l'attention. Nous avons donc 60 millions de mythomans qui racontent tous la même chose. Des médecins aujourd'hui reconnaissant la malhonnêteté intellectuelle de cette affirmation cat les experiencers ont essentiellement été du côté des victimes: il y eut pour eux une véritable pression les poussant à l'autocesure car beaucoup furent pris pour des fous, tant par leur famille que par la communauté religieuse à laquelle ils appartenaient s'ils étaient croyants.


4) Le manque d'oxygène au cerveau: cela provoquerait des désordres métaboliques au niveau du cerveau. Mais cela ne tient pas debout puisque ce ne sont pas des hallucinations puisque que comme nous l'avons vu, les experiencers voient réellement ce qui se passe alors qu'ils sont sortis de leurs corps.

5) Les neurotransmetteurs kétaminergiques (pardonnez-moi pour ces noms barbares :) ): la kétamine, produit utilisé comme anesthésiant dans les blocs opératoires seraient à l'origine de ces visions dont rapportent les témoins. Il convient de répondre plusieurs choses à cette affirmation: d'une part, il faut rappeler et insister sur le fait que ces beaucoup de NDE qui ont intéressé les médecins sont en état de mort clinique, d'autres en état de coma. Je reviendrai sur cette notion clinique car elle ne signifie pas non plus la mort définitive. L'état de mort clinique se caractérise par tous les symptômes de la mort habituelle, il y a cessation de la respiration, un arrêt du coeur, électrocardiogramme plat et surtout, un électro-encéphalogramme plat. Tous les médecins sont d'accords là-dessus, un électro encéphalogramme plat signifie un arrêt complet des activités du cerveau. Plus rien ne fonctionne et comme le précise le médecin Jean-Pierre Jourdan, plus aucun produit ne peut se transmettre par le biais des neuronnes, c'est littéralement comme si vous sectionnez les batteries d'une voiture en marche. De plus les études complémentaires fournis par les historiens, les antropologues et les neurobiologistes montrent clairement que les NDE ont existés bien avant les technologies médicales modernes dans des aires géographiques et culturelles qui ne se connaissaient pas. Cela montre bien que les NDE peuvent se produire tout à fait indépendamment des blocs opératoires occidentalisés et des produits anesthésiants.


Il est important de préciser qu'il y a un argument majeur à retenir, c'est le fait que des milliers de cas dont les témoignages et les circonstances de leur mort sont détaillés montrent que les personnes vivant des NDE ne vivent pas des hallucinations pour une raison très simple: ils ont pu, durant le moment où ils étaient cliniquement morts, parfaitement décrire ce qui s'était décrit dans le bloc opératoire, au premier étage, au deuxième, au troisième étage de l'hôpital où ils étaient comme s'ils s'étaient réellement baladés à volonté. D'autres cas confirment cela lorsqu'ils ont pu tout à fait décrire des scènes qui se sont déroulés à des kilomètres du leur lit d'hôpital alors que la famille était dans leur maison. Puisqu'il n'y pas qu'un ou deux mais plusieurs milliers de cas, comme le dit Jean-Jacques Charbonnier, la conclusion est sans appel: ces personnes étaient tout à fait vivantes alors qu'ils étaient physiquement morts mais ils ne faisaient plus parties de leurs corps.





Le 17 juin 2006 s'est déroulé un important évenement dans ce domaine: au palais des congrès de Martigues se sont tenues les premières rencontres internationales sur les expériences qui ont réunis les meilleurs spécialistes du sujet venant du monde entier: antropologues, neurologues, psychiatres, médecins, anesthésistes, infirmiers, journalistes ect... Sans compter bien sûr les experiencers qui ont pu témoigner. Organisé par la journaliste Sonia Barkhalla (ci-dessous au centre), ce congrès majeur a permi des retombées intéressantes car nombre de scientifiques ne connaissant pas le sujet souhaitent désormais orienter des axes de recherches sur ce sujet.

Les scientifiques qui étaient présents furent surpris de constater le rapprochement troublant qui peut exister entre l'experience de NDE et les enseignements véhiculés par diverses traditiions philosophiques, esotériques ou religieuses. Cette conférence a également permis d'élargir des perspectives beaucoup plus larges sur des domaines portant sur la nature de la conscience car les NDE tendent à montrer finalement que la conscience existe pleinement indépendamment du cerveau et que les fonctions cognitives,non seulement ne sont pas arrêtés, mais elles sont décuplés.


Parmis les témoins de ce colloque figure la française Nicole Dron dont il est possible de voir un témoignage dans l'émission Mystères, passé sur TF1 il y a quelques années:


L'aspect intéressant de cette vidéo est la place accordé à cette sorte "d'examen de conscience", omniprésent chez les experiencers. Ce qui avait impressionné Melvin Morse au début de ses études, c'est de voir que beaucoup de ces "revenants de la mort" ont littérallement vu toute leur vie défiler devant eux depuis les 50 dernières années, voyant des évenements précis qu'ils avaient expulsés de leurs mémoires alors que leur mort clinique n'avait duré que.... quelques secondes. D'autre part, cette absence de jugement et cet "amour infini" y est toujours décrite.




Je ne souhaite pas assommer les lecteurs de mon blog de références mais il me semble tout de même important d'en donner quelques unes importantes et solides pour une approche sérieuse:
- Je me réfère principalement, sur le point de vue anthropologique, aux travaux de Danielle Vermelun, docteur en antropologie à la Sorbonne, auteur de "NDE et expériences mystiques d'hier et d'aujourd'hui", un ouvrage majeur sorti récemment et qui dresse un comparatif très intéressant des NDE vécues dans le domaine hospitalier et dans les différences cultures de l'humanité, elle se rédère principalement aux "das log" des mystiques hymalayens, à la mystique illuministe espagnole du XVIème siècle (Thérèse d'Avila, Saint-Jean de la Croix ect...) ainsi qu'au chamanisme Sibérien.
- Les travaux d'Evelyne-Sarah-Mercier offrent aussi un regard important, elle a participé à un collectif pour la rédaction d'un ouvrage intitulé "la mort transfiguré", aujourd'hui épuisé mais qu'il est possible de télécharger sur le site de IANDS France. Elle a d'ailleurs mis en évidence l'existence de récits de NDE au XIXème siècle, déclenchés notamment par des chutes de montagnes. D'autres récits de type NDE viennent également des champs de bataille des 2 guerres mondiales.
- Les médecins souvent cités en France sont Jean-Jacques Charbonnier, médecin anesthésiste réanimateur dans le Sud de la France et Jean-Pierre Jourdan, médecin et auteur de "Deadline, dernière limite", fruit de ses 20 années de recherche.
- Enfin, le pédiatre américain Melvin Morse, considéré comme l'un des meilleurs pédiatres des USA, s'est plus particulièrement consacré à l'étude des NDE vécus par les enfants. Il a aussi beaucoup étudié le rôle du lobe temporal droit et de son implication dans expériences de type mystiques ou transpersonnelles.
- Mais il y a encore beaucoup d'autres nom: Elisabeth Kubler, Kenneth Ring ect... Il y a également des médecins hollandais comme Pin Van Lommel (présent à Matiques) qui a mis en évidence l'existence d'une conscience délocalisé chez l'homme au moment de sa NDE, des médecins Allemands, Canadiens, Quebecois, indiens et j'en passe...


L'ouvrage de référence de Danielle Vermeulen sur les NDE sous l'angle anthropologique et historique

Ce qui a aussi particulièrement intéressé les psychiatres sur les experiencers, ce sont les transformations qui s'opèrent tant dans leur être profond que dans leur vie quotidienne. D'un point de vue sociologique, on peut observer des choses plutôt amusantes: des athées qui deviennent croyants et des croyants qui abandonnent leurs religions, conscient que leurs vécus a une nature à la fois trenscandentale à universelle qui relativise dans une large mesure toute croyance doctrinale qu'elle soit matérialiste ou religieuse. Le plus intriguant est sans doute le fait que les experiencers reviennent avec des capacités qu'ils n'avaient pas auparavant: voyance, télépathie, pouvoir de guérisseur-magnétiseur, qu'ils tentent de mettre à profit pour aider son prochain. Plus largement, la personne n'a plus aucune peur de la mort et pénètre une dimension de la vie ou vivre pleinement l'instant présent, l'amour du prochain et l'attention à l'autre y tient une part essentielle: cela l'ammène à devenir disponible, à faire preuve d'empathie ou plus concrètement, à mener des activités caritatives, associatives, à s'engager dans des centres de soint paliatifs pour accompagner les mourants. D'autres changent plus radicalement de vie, on assiste à des changements de profession, des hommes d'affaire qui deviennent kinésithérapeutes ect... S'ajoute un désir de quête spirituelle et un désir comprendre ce qui lui est arrivé pour mieux l'intégrer dans sa vie ordinaire. D'autres ont des capacités intellectuels décuplées. Ainsi, Jean-Jacques Charbonnier, dans une émission radio, parle d'un cas qu'il connaît personnellement: un berger vivant dans sud de la France qui après sa NDE est devenu.... doctorant en mathématiques! L'hallucination ne possède pas cette propriété de transformation profonde et qui se fait à long terme, ses effets sont de l'ordre de la perturbation.



Alexandra-David-Neel, aventurière, tibétologue et première femme occidental à avoir franchit le tibet est l'auteur d'une multitude d'ouvrages complets sur l'Inde et le Tibet; Dans son livre "Mystiques et magiciens du Tibet", elle évoque ces fameux das-log (se prononce delog), récits de revenants de la mort, dont il est important de préciser qu'ils ne proviennent du clergé bouddhiste lettré mais de simples gens qui avaient vécus ces expériences suite à un état de coma de plusieurs jours.

Voici ce qu'elle en dit dans "Mystiques et magiciens du Tibet", édité en 1929:

"On rencontre au Tibet des gens qui, après être demeurés pendant plus ou moins longtemps en léthargie, dépeignent, ensuite, divers lieux qu'ils disent avoir parcourus. Ces singuliers voyageurs sont surnommés délog ce qui veut dire "revenu de l'au-delà".
"Une femme que je rencontrais dans un village de Tsawa rong, et qui, quelques années auparavant, était demeurée toute une semaine inanimée, racontait qu'elle s'était trouvé agréablement étonnée par la légèreté et l'agilité de son nouveau corps qui se mouvait avec une rapidité extraordinaire. Il lui suffisait de vouloir se transporter dans un endroit pour y être immédiatement rendue, elle pouvait traverser les rivières en marchant sur l'eau, passer à travers les murailles ect... Une seule chose qui était impossible, c'était de trancher un cordon de matière inpalpable qui la rattachait à son ancien corps qu'elle voyait parfaitement étendu sur la couche. Ce cordon s'allongeait indéfiniment mais gênait la locomotion. "Elle s'y empétrait" disait-elle". Un homme delog que mon fils adoptif a vu dans sa jeunesse, décrivait son état de façon identique".

En Grèce, il existe un récit de NDE d'un soldat, considéré comme mort mais qui s'est ranimé sur le bûcher, dans le livre X de la république de Platon. Des récits similaires suite à des experiences initiatiques pratiqués par certaines religions à mystère de l'antiquité comme les mystères d'éleusis avec lequel Platon aurait eu des liens.

Au Moyen-âge, dans les ars moriendi, existent des récits du même type ainsi que dans la littérature cléricale du haut moyen-âge, les visions; Raymond Moody relate également les récits de Drythlem rapportés par Bède le vénérable dans son historia ecclesiastica de l'angleterre au VIIIème siècle. D'autres récits monastiques existent au XIIème siècle.

Voici un récit tiré d'un documentaire sur le sujet:
"Quand mon âme se délivra du corps et vit qu'il était mort, elle voulu revenir dans son corps et ne put y entrer
Il y a 4 jours, lorsque tu me trouvas sans vie, je fus porté dans les hauteurs du ciel, on me fit passer une porte, il y avait là une lumière inexprimable

"Stéphane dit qu'il y avait un pont sous lequel coulait un fleuve ténébreux, et au delà du pont, il y avait des prés vers parsemés de buissons, de fleurs odorantes ou des hommes vêtus de blancs semblaient être réunis; Là-bas, chacun avait son logis innondé de lumière; Lorsque quelqu'un de mauvais voulait traverser le pont, il tombait dans le fleuve nauséabon et ténébreux"

Les récits similaires aux NDE existent également chez les celtes. Aujourd'hui, on estime que les récits écrits relatant des expériences de NDE remontent à l'Egypte pharaonique


A la fin de son ouvrage, Danielle Vermeulun pose de nouvelles pistes de réflexion dans son chapitre "vers une fonction sociale des témoins d'EMI occidentaux". A force de les étudier et de les voir évoluer, elle se pose la question de savoir quelles places vont-ils avoir vue que la NDE sera de plus en plus connue et de plus en plus étudiée. On peut se dire qu'étant donné que les NDE sont appelés à se généraliser vue l'évolution technologique de la médecine, les experiencers ne sont-ils pas appelés à avoir une sorte de fonction d'aide et de thérapeute que pouvaient avoir les thérapeutes dans les sociétés traditionnelles ou les grandes relligions n'ont pas encore anihilés ce type d'expériences. En somme, les experiencers vont-ils devenir à leur façon les chamanes du futur???


Pour finir, je dirais que cette expérience nous renseigne sur ce qui est sans doute l'un des plus grands mystères de l'existence....