lundi 7 janvier 2008

Marilyn Manson, mémoires de l'enfer



C’est le 5 janvier 1969, à Canton dans l’Ohio que naît le charmant Brian Warner, fils unique d’un marchand de meubles, vétéran du Vietnam, et d’une mère possessive. L’enfance de ce jeune homme est plutôt banale bien que ponctuée par des événements déterminants qui feront de lui celui que l’on reconnaîtra plus tard comme l’antichrist superstar.


Jeune homme, il possède un husky, Allawa, qui sera tué cruellement, motivé par la vengeance d’un voisin que Manson a dénoncé à cause de ses trop grandes «avances». L’événement le plus fondateur (selon lui) sera sans doute ce moment où, caché sous l’escalier de la cave en compagnie d’un copain du quartier, il découvre son grand-père en pans de jarretelles en train de se masturber devant des revues zoophiles. N’ayant changé de trajectoire que bien plus tard, cet événement a néanmoins laissé une sorte de marque indélébile qui délimite un avant et un après dans sa vie.

D’autre part, Il passera une bonne partie de sa scolarité à «l’heritage christian school», école marquera fortement son intérêt pour les sujets religieux ou antireligieux. C’est une école chrétienne mais surtout fondamentaliste et puritaine, qui constituera une véritable chappe de plomb pour Bryan. On lui enseignera la peur de satan, de l’apocalypse et il assistera à de véritables autodafés de disques de rock qui doivent expulsés de la vie de tout bon élève.... Cette ambiance inquisitoriale donnera à Brian le goût de tout ce qui est interdit.

A son arrivée à l’école public, qui fut une véritable libération, Brian est timide, complètement anonyme. Ado paumé, un peu comme tous les ados, il a soif de reconnaissance, il tente de collectionner les filles mais sans succès. Doté d’une grande sensibilité, il veut devenir écrivain mais sans plus, il rédige quelques nouvelles dont «une famille unie», très particulière. Puis, étudiant en journalisme, il écrit quelques articles sur des sujets divers, la musique principalement. Mais de fil en aiguille, il finit par créer un début de groupe ayant pour nom «Marilyn Manson and the spooky kids».

Ainsi, au travers de son art, Brian Warner, animé par un insatiable mal-être, se crée un personnage du nom de Marilyn Manson, véritable incarnation de l’Amérique jusque dans ses plus basses eaux. Quoi de mieux alors que d’associer 2 «icônes» de la culture américaine, Marilyn Monroe et Charles Manson.... Ces associations d’icônes concernent tout son groupe: Madonna Wayne Gacy, Daisy Berkowitz ect... Peu à peu, ils se font un nom, cela est du sûrement aux performances travaillées du groupe sur scène. On constate dès le départ une volonté de mise en scène visuelle qui possède, aux yeux de Manson, autant d’importance que la musique.


C’est en 1996 qu’il est véritablement propulsé sur la scène mondiale avec la sortie d’Antichrist Superstar, véritable anatomie de son monde. Ce succès, il le aussi doit à son talent de provocateur, il déchire des bibles sur scène ce qui ne peux que faire grincer des dents dans un pays comme les USA. Il doit aussi sa reconnaissance à sa collaboration avec Trent Reznor, leader de «Nine Inch Nails» et petit génie de l’indus. Son amitié avec Manson ne sera que précaire... Il fut également controversé avec son adhésion à l’Eglise de Satan, église crée en Californie en 1969 par Anton Lavey (voir photo ci-dessous). Diverses associations américaines le dénonceront, voire, le diaboliseront. Manson montre d’ailleurs dans son autobiographie à quel point cet individu haut en couleur et tout autant controversé que son église, constituait pour lui un véritable mentor.

Perso, je n’ai rien d’un évangéliste antisataniste mais on ne peut être qu’assez perplexe devant cette «religion» hypermatérialiste, vaguement inspiré de Nietzsche, qui ne croit pas au diable même si le mot «satanisme» en donne l’impression, et dont la pensée confine parfois à l’extrême droite. Je n’invente rien car lorsque vous lisez de près la bible satanique (si si, ça existe :)), il y a des passages très douteux tels que la glorification des «forts» contre les «faibles», l’intelligence (notion hautement subjective) comme un critère exclusif du satanisme, les qualités humaines étant évacués sous prétexte d’être judéo-chrétiennes ect... On peut considérer le satanisme comme une sorte de culte de la force et de l’ego humain...

(Ici, Manson en compagnie d'Anton La Vey, fondateur de l'église de Satan de Californie).


Cela correspond en fait assez bien à la personnalité de Bryan Warner, doté à la fois d'une sensibilité et d'un ego de la taille d'une cathédrale, cultivant une certaine haine pour le monde et pour soi-même et attiré par tout ce qui est, de près ou de loin, anticonformiste.


A une époque passée, j'ai cultivé une véritable idôlatrie pour cet individu complexe et talentueux; Il m'avait influencé autant artistiquement que mentalement. Aujourd'hui je ne suis plus vraiment un fan ce qui ne m'empêche pas de suivre un peu ce qu'il fait, c'est juste que j'ai pris un gros recul que je n'avais pas auparavant. D'ailleurs, il est très étrange lorsque l'on prend du recul de prendre conscience de ce processus qui conduit à devenir fan de quelqu'un jusqu'à la démesure. C'est à la fois quelque chose qui vous tombe dessus mais que l'on alimente par la suite si l'on s'enlise trop dedans. C'est comme si votre ego fusionnait avec un ego plus grand. Ce genre d'idôlatrie peut aussi avoir des smilitudes avec la fascination extrême qu'exerce un gourou sur un individu qui rentre dans une secte.

Aujourd'hui, mon point de vue est mitigé: Manson me donne parfois l'impression d'être un adolescent qui n'a toujours pas fini sa crise, ce qui commence à faire long à 39 ans.... Ce qui est alors présenté comme une subversion permanente se révèle pour moi être une fuite en avant. Manson devient finalement une sorte de mécanique trop bien huilée, une caricature de lui-même. Il n'est alors pas étonnant de voir que Twiggy Ramirez, bras droit de Manson, bassiste et cheville ouvrière du groupe, décide de le quitter avant la création de son 6ème album, estimant que le groupe virait trop au grand guignol.



Mais Brian Warner doit avoir conscience du risque de la répétition. Ces dernières années, il s'est diversifié, il a exploré d'autres mediums. Il s'est notamment mis à la peinture, a fait des morceaux pour le cinéma (Resident Evil, la Reine des damnés), des reprises (dont le très réussi "This is Halloween" pour la resortie de "l'étrange noel de monsieur Jack" l'année dernière), il est méconnaissable dans le film "le livre de Jérémie" d'Asia Argento, il a aussi écrit un roman, une sorte de prolongation écrite de son album "Holly Wood" sauf que, sans trop savoir pourquoi, il n'est jamais sorti alors que la couverture et quelques chapitres circulent sur le net. Son autobiographie,"mémoires de l'enfer", qui date un peu, est sympa.En 2003, il travaillera avec Gottfried Helwein, artiste américain d'origine hongroise, ancien actionniste viennois, pour son album "the golden age of grotesque". Cette collaboration assez fructueuse donnera des photos très intéressantes pour illutrer l'esprit général de cet album. Manson s'impregnera des oeuvres d'Helnwein pour les visages défigurés des danseuses de son clip Mobscene, dont l'inspiration aurait été stimulé par l'absinthe. Cette boisson semble prendre place dans son oeuvre. Outre le fait que lui et bien d'autres artistes aient consommés cette boisson, Manson dit l'utiliser directement dans ses aquarelles.


Voici le beau Mobscene si vous voulez vous convaincre de l'origine de son inspiration :)




Il y aurait, bien évidemment, tant d'autres choses à dire sur son art; Je concluerai simplement par son remix du générique de "l'étrange noel de monsieur Jack", chef d'oeuvre d'animation réalisé par Henry Sellick, produit et scénarisé par Tim Burton... Originellement composé par l'éternel Danny Elfman, son remix ne fait qu'améliorer l'introduction à l'atmosphère gothique du film.

1 commentaire:

Jean-Michel a dit…

Super interressante ta revue, je l'ai trouvé via google après avoir été intrigué par un billet http://axiles.wordpress.com/2010/11/02/halloween-autobiographie-marylin-manson/ tu as beaucoup travaillé ton sujet :o
Bravo !!!